La semaine dernière, l’Agence LUCIE a eu le plaisir de s’entretenir avec Malraux, scène nationale à Chambéry. Ce lieu culturel, très ancré dans son territoire et membre de la Communauté LUCIE, dispose de plusieurs salles de spectacle et exerce également une activité de tiers-lieu. Malraux est labellisé LUCIE 26000 depuis 2022. Avec le Grand T à Nantes et la Maison des Métallos à Paris, ils font partie des quelques lieux culturels ayant décidé d’entamer une démarche de labellisation.
Retrouvez ci-dessous l’entretien mené avec eux :
Qu’est-ce qui vous a poussé à entamer une démarche RSE ?
Je suis Barnabé, le plus ancien du groupe de travail sur la RSE, et je peux vous dire que celui-ci a pas mal évolué. Il y a eu plusieurs éléments déclencheurs. Le premier était la rénovation de notre bâtiment en 2019. Les équipes ont commencé à avoir des échanges sur l’impact de ses travaux. Le second est lié aux fermetures dues aux crises Covid. Nous avions à ce moment-là du temps à consacrer aux réflexions RSE. La naissance de notre tiers-lieu culturel “LA BASE” nous a également aidé à réaliser quelle était notre place sur notre territoire.
Nous aurions pu entamer une démarche RSE sans labellisation, mais nous avions besoin de cadre et de méthodologie. Nous sommes dans un rythme de travail assez dense et assez inégal. Sans cadre, nous n’aurions pas tenu nos échéances.
Nous souhaitions aussi entrer dans une communauté, ne pas être isolés et monter en compétence.
Nous avons d’ailleurs échangé avec les équipes du Grand T avant de prendre notre décision. Marie nous a d’ailleurs averti de l’épuisement de la démarche sur le long terme.
Nous avions une grande volonté de partage de notre démarche pour d’autres salles et pour le monde du spectacle. Nous avons d’ailleurs rejoint ARVIVA, Arts Vivants, Arts Durables, qui est un réseau qui développe des outils durables pour le monde du spectacle.
Partiez-vous de loin en termes de maturité ?
Tout dépend des thématiques, d’ailleurs la phase d’auto-évaluation a été très intéressante. Nous avons été très critiques envers nous-mêmes alors que certaines thématiques n’étaient pas trop. Surtout en termes de sécurité des usagers, engagement territorial et dialogues avec les parties prenantes. Néanmoins, nous étions un peu plus loin de la protection de l’environnement et de la vie interne de l’entreprise. C’est le reflet du secteur du spectacle qui est assez spécifique mais est en train d’évoluer.
La démarche de labellisation a-t-elle eu des impacts positifs sur votre activité ?
Côté clients et artistes, il est un peu tôt pour parler d’impacts positifs sur notre activité , on se repose la question dans plusieurs années.
Niveau partenaires, ça suscite de l’intérêt, de la curiosité. Dans tous les derniers recrutements, c’est quelque chose qui ressort. Quand un nouveau collaborateur arrive, il y a aussi beaucoup d’entrain et de curiosité. La RSE nous permet de retrouver un endroit de dialogue.
Comment s’organise la RSE chez vous ?
Ça fonctionne sur la base du volontariat. Nous avons une réunion mensuelle avec la commission dans laquelle nous sommes 8. On vérifie les livrables et les échéances. On se partage le travail que l’on ventile selon les souhaits, les compétences et les charges de chacun.
Nous avons plusieurs membres du CSE dans la commission et nous rencontrons la direction et le CSE deux rendez-vous sur trois. La RSE est également évoquée lors de chaque CA. De plus, notre nouvelle directrice Frédérique Payn, a rejoint dès son arrivée à Malraux le CA du réseau ARVIVA, Arts Vivants Arts Durables et s’est emparée rapidement des questions RSE dans la maison.
On peut aussi dire que sur les 30 permanents de la boîte, tout le monde a été sollicité au moins une fois sur les sujets RSE.
Donnez-nous un petit exemple d’une pratique mise en place chez vous ?
En interne, nous avons motivé les équipes sur la mobilité. Nous avons lancé un défi sans voiture avec Synchrobus (réseau local de Chambéry). Le sujet de la mobilité était aussi à notre séminaire annuel. Au final, ce sont 4 personnes qui ont véritablement quitté la voiture et ont choisi les mobilités douces.
Accompagnés par un consultant, nous avons aussi mis à jour notre document unique pour tous les corps de métiers. Ce qui était nécessaire.
Soirée de cloture du défi sans voitures et remises des prix aux participants
Et quels sont les projets futurs ?
Nous allons continuer sur la thématique de la mobilité. C’est ce qui nous permet de travailler avec beaucoup d’acteurs du territoire car nous accueillons du public.
Dès la saison prochaine, nous proposons une offre commerciale avec le réseau de bus locaux pour venir voir nos spectacles.
Nous organisons aussi des événements autour du vélo et avons mis en place une borne d’autoréparation ouverte à tous. La question de la mobilité est très présente sur notre territoire, y compris pour les pouvoirs publics. Il y a une grosse génération d’effet de trafic avec la densification des bassins économiques.
La question de la mobilité est primordiale pour toute l’industrie du spectacle. Les déplacement représente 50% de nos émissions de CO2.
Merci à Emmanuelle Roeschlaub, Nais Aumage, Barnabé Toureau-Tabard et Séverine Mencarelli
Stand d’information du partenaire Synchro bus à l’occasion de l’ouverture de saison 2023/2024